En octobre 2022, l'OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a publié une norme mondiale comprenant un ensemble de préconisations permettant au public partout dans le monde de profiter de la musique amplifiée tout en protégeant son audition.
Ces recommandations concernent autant l'insonorisation des salles que les niveaux sonores maximaux, la sensibilisation du public, l'organisation de temps calmes, et le contrôle des lieux.
1,1 milliard de jeunes dans le monde courent un risque de perte d’audition en raison de l’exposition au bruit dans leurs loisirs ! Pour agir, l'OMS a publié une norme applicable à toutes les salles de spectacle du monde. En France, un décret de 2017 est venu renforcer la protection de la santé du public et du voisinage de lieux diffusant des sons amplifiés à des niveaux sonores élevés. Applicable depuis 2018, ce décret reprend majoritairement les recommandations du rapport du Haut Conseil de la Santé Publique de 2013. En 2021, le CidB a piloté la rédaction d'un guide en ligne, qui donne les clefs nécessaires à la compréhension des obligations de chacun.
Mais tous les pays du monde n'ont pas encadré ces pratiques. L'OMS propose un système harmonisé pour accompagner les gouvernements dans cette démarche. La norme de l'OMS propose également des études de cas, relevés dans les quatre coins du monde (Norvège, Suisse, etc.).
100 dBA maximum
Afin de limiter le niveau sonore, l'OMS préconise notamment une limite maximale de 100 dB LAeq sur 15 minutes. A titre de comparaison, la réglementation française impose actuellement une limite fixée à 102 dBA sur 15 minutes et 118 dBC sur 15 minutes (94 dBA et 104 dBC pour les spectacles pour enfants). Afin d'être en mesure de respecter ces limites, les niveaux sonores devraient être contrôlés sur place par un membre du personnel spécialement désigné, qui lui même devrait être aidé d'un expert extérieur. Pour l'OMS, la limite de niveau sonore s’applique à la position de mesure de référence, qui se réfère à une position préétablie spécifique à chaque lieu ou manifestation.
Aménager des zones calmes
L'OMS rappelle la nécessité d'aménager des zones calmes pour le repos auditif dans les lieux concernés. Pour que ces zones calmes soient efficaces, le niveau sonore ambiant d’une zone calme devrait être maintenu aussi bas que possible et ne pas dépasser 70 dB LAeq sur 15 minutes (contre 80 dBA équivalents sur 8 heures dans la réglementation française). L'OMS donne également des recommandations concernant les matériaux de construction à utiliser et la capacité maximale de la zone. Tout comme le dispositif français, l'OMS préconise de mettre en place des moments de répit pour les oreilles dans le cas où les zones calmes ne puissent être organisées.
Proposer des bouchons à atténuation uniforme
Là où le Code de la santé publique prévoit la mise à disposition gratuite de protections auditives individuelles (bouchons, casques, etc.) en nombre suffisant, l'OMS recommande de privilégier les bouchons de haute-fidélité conçus pour la musique, qui offrent un meilleur confort et une meilleure qualité d'écoute et surtout une plus grande facilité d'utilisation.
Et après ?
L'OMS invite les gouvernements du monde entier à éloborer des politiques appropriées et visant à limiter l'exposition au bruit dans les lieux diffusant des sons amplifiés à des niveaux sonores élevés, en se fondant sur la présente norme. Il en est de même pour les campagnes de sensibilisation du public. Ainsi, les gouvernements attireront l'attention de leur population sur les risques liés aux niveaux sonores élevés et sur les pratiques d'écoutes à risques. Les gouvernements doivent toutefois veiller à ce que les mesures prises n'exposent pas les exploitants de ces lieux à des difficultés financières ou à des menaces pour leur modèle économique.
La certification des lieux encouragée
L'OMS invite également à la certification des lieux d'écoute sans risques, c'est à dire les lieux ou les manifestations "modèles". Cela permettrait d'éviter l'utilisation non autorisée des labels et de permettre au public de vérifier le statut de certification d'un lieu ou d'une manifestation avant d'y aller. Cette préconisation fait écho à la réflexion menée actuellement par le CNB (Conseil National du Bruit), qui travaille à la création d'un label recompensant les espaces calmes et les moments apaisés.