Principes de propagation du bruit
Les bruits dans les habitations
Dans les constructions, on fait la différence entre les bruits aériens, c’est-à-dire les bruits émis par une source n’ayant pas de contact avec la structure construite, et les bruits solidiens, qui ont pour origine une mise en vibration directe de la structure.
Les bruits aériens
Dans un logement, les bruits aériens se propagent par l’air avant de faire vibrer les parois du local. Chaque paroi qui vibre fait à son tour vibrer l’air dans les locaux voisins : le son a traversé la paroi.
On distingue deux types de bruits aériens :
- Les bruits aériens intérieurs (bruits créés par les conversations, la télévision, les chaînes hi-fi, …) ;
- Les bruits aériens extérieurs (bruits créés par le trafic routier, ferroviaire ou aérien).
Les bruits solidiens
Une paroi soumise à un choc entre en vibration et fait vibrer l’air des locaux voisins
Les bruits solidiens comprennent :
- Les bruits d’impact (bruits de pas, déplacement de meubles, chutes d’objets, …) ;
- Les bruits d’équipement, collectifs (ascenseur, chaufferie, …) ou individuels (chasse d’eau, robinetterie, …).
- Bruit aérien exterieur
- Bruit aérien intérieur
- Bruit d'impact
- Bruit d'équipement
Le décibel ″A″
L’unité qui exprime les niveaux de bruit est le décibel (dB). Les décibels ont ceci de particulier qu’avec seulement 3 dB de moins, on divise le niveau sonore par 2.
Ledécibel(A), ou dB(A), est quant à lui plus représentatif de la sensation perçue par l’oreille humaine. C’est l’unité qui est classiquement utilisée pour évaluer les performances acoustiques des constructions. On admet généralement que le niveau sonore à l’intérieur d’un logement ne doit pas dépasser 35 dB(A) pour garantir un confort minimum.
Le comportement du bruit à la rencontre d’une paroi
Isolation et absorption
Quand un son (1) rencontre une paroi, son énergie sonore est en partie :
- réfléchie (2)
- absorbée (3)
- transmise (4)
L’énergie réfléchie revient du côté de la source
L’énergie absorbée se transforme en chaleur dans la paroi
L’énergie transmise traverse la paroi et fait vibrer l’air de l’autre côté
L'isolation acoustique consiste à traiter la transmission des bruits, soit qu’ils viennent de l'extérieur, soit qu’ils soient émis depuis le local à isoler (afin qu'ils ne s'entendent par hors de celui-ci). Les matériaux fortement isolants réduisent surtout la partie transmise de l’énergie sonore, et réfléchissent cette énergie vers la source émettrice. L’absorption acoustique, ou correction acoustique, traite l’énergie réfléchie et absorbée, mais ne modifie quasiment pas les propriétés de transmission de la paroi. Ainsi, un matériau absorbant n’améliore pas l’isolation, puisqu’il ne supprime pas les bruits extérieurs, ni n'empêche les sons intérieurs de sortir.
L’absorption de l’énergie acoustique est obtenue à partir de matériaux, habituellement poreux, qui dissipent l’énergie en la transformant en chaleur.
Transmission directe et transmission latérale
L’énergie acoustique se transmet du local d’émission au local de réception :
Soit par transmission directe, avec comme milieu de propagation la paroi séparative (mur, cloison) entre les deux pièces ;
Soit par transmission latérale, qui utilise des voies de propagation autres que la paroi séparative entre les deux pièces
Isolement et indice d’affaiblissement
L’isolement acoustique entre deux locaux correspond à la différence entre le niveau sonore du local d’émission et celui du local de réception. Il est mesuré sur place, en émettant un bruit de niveau élevé dans le local d’émission et en mesurant les niveaux de bruit dans ce local et dans le local de réception.
L’indice d’affaiblissement acoustique d’un élément de construction (paroi, porte, fenêtre, …) caractérise sa performance acoustique. Ce paramètre intrinsèque à l’élément est mesuré en laboratoire pour s’affranchir des transmissions latérales.
En conséquence, il ne faut pas confondre l’isolement et l’indice d’affaiblissement : le premier est un indice d’évaluation du bâtiment, qui dépend de nombreux paramètres autres que les caractéristiques des produits (nature des autres éléments du bâtiment, qualité de la mise en œuvre, présence éventuelle de mobilier dans les locaux, …) ; le second renseigne uniquement sur les propriétés acoustiques intrinsèques d’un élément de construction.
Principes généraux de l'isolation acoustique
Deux principes de base
- Plus c’est lourd, plus ça isole
En d’autres termes, à épaisseur égale, une cloison en béton banché (béton coulé dans un coffrage) isolera mieux qu’une cloison en brique creuse. L’aspect de surface d’un matériau joue également un rôle dans ses propriétés d’isolation acoustique.
- Là où passe l’air, passe le bruit
Fenêtres, bas de portes, coffres de volets roulants, entrées d’air sont autant de sources de mauvaise étanchéité qu’il convient de ne pas négliger pour obtenir une isolation satisfaisante.
Les contraintes de la réhabilitation acoustique
Voici quelques contraintes à connaître avant d’entreprendre des travaux d’isolation dans votre logement :
- Avant tous travaux d’amélioration acoustique, il est recommandé de faire appel à un spécialiste qui identifiera les sources de bruit, leur cheminement et déterminera les travaux à réaliser par ordre de priorité ;
- Les matériaux isolants étant lourds, il faut rester attentif à ne pas surcharger les structures ;
- On évitera les technologies de construction humides ;
- Une faible hauteur sous plafond peut limiter les possibilités d’isolation par le plafond ou le plancher ;
- Attention aux transmissions parasites (défauts d’étanchéité, présence de cavités dans la paroi, contournement par l’extérieur, entrées d’air, …), qui peuvent grandement influer sur la qualité acoustique globale d’une paroi ou d’une réalisation. Par exemple, l’absence de joints verticaux dans un mur en parpaing plein sera préjudiciable à la qualité acoustique du mur.
- Pour certaines améliorations ponctuelles, l’intervention dans le local de réception peut se justifier mais ne pas toujours être possible ;
- Des travaux courants, tels que le changement de revêtement de sol, l’installation d’équipements sanitaires, de même que certains travaux d’embellissement (décapage de l’enduit sur des pierres, suppression de faux plafonds, …) peuvent détériorer l’isolation acoustique.
Isolation aux bruits aériens intérieurs
Réduire le bruit à la source
Lorsque cela est possible, la résolution amiable est la meilleure solution : informez votre voisin de la gêne qu’il provoque, et suggérez-lui des moyens de faire moins de bruit (parler moins fort, baisser le volume de la télévision, mettre des pantoufles lorsqu’il rentre tard dans la nuit, …).
Renforcer l’isolation d’une paroi existante
La solution technique consiste à renforcer l’isolation des parois par lesquelles le bruit se transmet : en premier lieu, la paroi qui vous sépare de votre voisin et, éventuellement, les parois latérales appuyées sur cette cloison séparative. Deux types de renforcement existent :
- Les complexes de doublage à coller ;
- Les parements sur ossature métallique.
Certaines situations complexes (habitat ancien, voisinage particulièrement bruyant, …) nécessitent la consultation d’un spécialiste qui vous évitera souvent des travaux inefficaces.
Les complexes de doublage prêts à l’emploi
Ils sont constitués d’un matelas de matériau acoustique (laine minérale, polystyrène spécial élastifié, mousse poreuse) collé sur une plaque de plâtre. Réservés aux murs plans et en bon état de surface, ils se collent à même la cloison à renforcer.
Exemplede doublage de cloison existante:isolant fibreux (au moins 50 mm d’épaisseur) et plaque de plâtre de 1 cm
Complexe de doublage constitué d´un panneau en laine de verre collé sur une plaque de plâtre de 13mm.
Les parements sur ossature métal
Le montage réalisé sur place consiste en une structure métallique indépendante de la paroi à doubler, sur laquelle de laine minérale et de plaques de plâtre.
l’étanchéité au pourtour de la cloison (réduction des transmissions par les parois latérales), et entre les plaques doit être particulièrement soignée
Avantages de ce procédé : il offre la meilleure isolation acoustique, et est compatible avec tous les états de surface de la cloison à isoler.
Pour augmenter l’isolation acoustique, on peut :
- Augmenter l’épaisseur de la lame d’air ménagée entre la paroi à renforcer et le parement ;
- Augmenter le nombre de plaques de plâtre vissées sur le support (3 au maximum).
Remarques :
- Les produits d’une épaisseur de quelques mm sont à proscrire. Au mieux, ils n’améliorent que le confort d’écoute du local d’émission, mais ne réduisent pas la transmission du bruit ;
- Les produits décrits sont disponibles chez les grands négociants de second œuvre. Adaptés à un usage professionnel, ils sont déconseillés aux bricoleurs non avertis.
Cas particuliers des instruments de musique
Les instruments posés (piano, violoncelle, batterie, …) transmettent les sons par les structures. Cette propagation solidienne nécessite la mise en œuvre de solutions spéciales : planchers techniques, voire le système de « boîte dans la boîte », c’est-à-dire l’isolation totale du plafond, du sol et des murs. N'oubliez pas que le fait d'absorber à l'aide de tapis, de moquette etc., n'a aucun effet sur la transmission des ondes sonores vers l'environnement extérieur. C'est le meilleur moyen de rendre le local sourd et impropre à toute pratique musicale.
Le plancher technique
L’isolation aux bruits d’impact (musicien qui bat la mesure, sons de la batterie, …) exige la réalisation d’une chape flottante avec une sous-couche bien adaptée (laine minérale, caoutchouc, feutre bitumineux, …). Il faut éviter tout « pont acoustique » entre la chape et le gros-œuvre :
- Supprimer les aspérités sur le plancher porteur ;
- Établir une bonne jonction entre les lés de la sous-couche pour éviter tout point dur lorsque la dalle de béton est coulée.
On se reportera également à la partie « Isolation aux bruits d’impact » de cette même section.
La « boîte dans la boîte »
La lutte contre les vibrations induites par les instruments posés repose sur le procédé de la « boîte dans la boîte », qui consiste à construire un volume aussi désolidarisé que possible du bâtiment. L’ensemble repose sur un plancher technique flottant (voir précédemment), les cloisons verticales et le plafond sont constitués de matériau isolant venant s’appuyer sur une armature métallique, seules étant tolérées quelques attaches élastiques. La pièce perd environ 15 cm sur toutes ses dimensions. Les points faibles qui subsistent sont la porte, qui devra donc être isolante, et les ouvertures indispensables à la ventilation du local. Pour obtenir de meilleures performances, les profilés métalliques (ou tasseaux de bois) peuvent reposer sur un feutre suffisamment épais. Pour que les performances de ces procédés soient efficaces aux basses fréquences, il faut surtout que les désolidarisations soient irréprochables.
Les portes
Il importe d’y incorporer des matériaux lourds (bois, métal, laine minérale) ou de réaliser un sas tapissé de matériau isolant et muni de deux portes courantes. Une bonne étanchéité (par joint continu) est indispensable sur toute la périphérie des portes.
Désolidarisation des tuyauteries
Toute tuyauterie ou gaine doit être désolidarisée des parois en les enrobant de joints souples ou d’un fourreau souple au niveau des passages des cloisons ou au niveau de leurs attaches.
Ventiler sans (trop) nuire à l’isolation
Première règle simple : pratiquer les ventilations à l’endroit le plus éloigné des voisins. Plutôt que la garniture des conduits de ventilation naturelle, peu satisfaisante, la pose d’un silencieux est efficace, dans les graves notamment, mais c’est l’affaire d’un spécialiste (chicane absorbante, silencieux à baffles parallèles, silencieux à nid d’abeille …). En cas de ventilation mécanique, il faut placer dans la gaine, en aval de la bouche d’extraction, un piège à son (silencieux).
Isolation contre les vibrations
Les patins de caoutchouc
On placera les instruments particulièrement générateurs de vibrations, tels que les percussions, sur des patins de caoutchouc. Plus les instruments génèrent des basses fréquences, plus les patins seront souples.
Suspendre les enceintes
Quand la construction du plafond le permet, on suspendra les enceintes sur des « amortisseurs », c’est-à-dire des systèmes à suspension élastique.
La plate-forme flottante
Particulièrement adaptée au cas de la batterie, une plate-forme en aggloméré de 22 mm haute densité, montée « flottante » sur silent blocs, permettra de réduire l’excitation du plancher par les coups de grosse caisse, qui restent localisés sur la plate forme. Il en est de même pour les amplificateurs, surtout de basse électrique.
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Fenêtres : certification des produits
Certification CEKAL: vitrages isolants
CEKAL est l’organisme de certification des vitrages. Pour les vitrages isolants, cet organisme a défini 6 classes de performances acoustiques, numérotées de 1 à 6. Les performances sont caractérisées par l'indice d'affaiblissement acoustique RA , tr qui mesure la capacité d'isolement aux bruits aériens d'origine routière (bruits de trafic). Il est meilleur lorsque les composants verriers sont plus épais et/ou d'épaisseurs différentes.
Ces classes présentent des indices d’affaiblissement acoustique de 25 dB(A) à 38 dB(A) face à un bruit routier. Par exemple, un vitrage AR 2 permet un abaissement du niveau sonore des bruits extérieurs de l’ordre de 28 dB à 30 dB.
Marquage des vitrages isolants
La mention AR croissantes (pour acoustique renforcée) suivie du numéro de classe de performance acoustique indique que le vitrage est conforme aux exigences Cekal.
Certificat Acotherm: menuiserie extérieure en bois, alliage aluminium ou PVC
Le certificat Acotherm a pour objet de certifier les performances acoustiques et thermiques des menuiseries extérieures.La mention AC suivie d’un chiffre indique la classe d’isolation acoustique de la fenêtre. (AC1 à AC4)
La mention TH spécifie la performance thermique (TH1 à TH9).
Isolation acoustique aux bruits de l'extérieur : généralités
Les solutions présentées dans cette section ne sont valables que pour des façades lourdes (béton, pierres, briques pleines) et pour des fenêtres classiques (pas de bow windows – fenêtre en saillie sur la façade – ni de grandes baies vitrées).
Traitement des points faibles acoustiques de la façade
Pour améliorer de manière sensible les performances acoustiques d’une façade contre les bruits aériens extérieurs, on se contente en général d’intervenir sur les fenêtres, principaux points d'entrée du bruit dans le logement.
En règle générale, les parties pleines des façades ne sont pas des chemins prioritaires du bruit en provenance de l’extérieur, dans la mesure où, par leur constitution, leur performance acoustique excède largement contrairement celle des menuiseries et équipements.
Là où passe l’air passe le bruit !
Parallèlement au traitement des fenêtres, il est important de vérifier en tout premier lieu qu’il n’existe pas d’autres points faibles de la façade susceptibles de transmettre de manière importante les bruits extérieurs. Ces transmissions dites parasites sont toujours très importantes : un trou de quelques centimètres carrés suffit à dégrader l’isolement de l’ensemble de la façade. Traiter les transmissions parasites permet une amélioration du confort perceptible pour un coût limité. En revanche, ne pas les traiter tout en réalisant des travaux importants, c’est s’exposer à un résultat décevant et peu en rapport avec la somme engagée.
Traiter les maillons faibles
Avant d’envisager des actions sur la fenêtre, il faut s’assurer qu’il n’existe pas d’autres points faibles particuliers susceptibles de transmettre les bruits extérieurs :
- Les trous seront rebouchés ;
- Les parties moins épaisses, endommagées ou constituées de matériau léger seront pourvues de matériaux acoustiquement équivalents à ceux utilisés pour la façade ;
- Les entrées d’air classiques qui laissent passer autant d’air que les bruits doivent être remplacées par des entrées d’air acoustiques ;
- Un coffre de volet roulant placé à l’intérieur de la pièce doit subir un traitement de renforcement acoustique particulier.
Fenêtres et portes fenêtres: vocabulaire
Surtout ne pas négliger la ventilation
L'amélioration de l'étanchéité de la fenêtre peut entraîner des problèmes de ventilation des locaux, si celle-ci n’est pas refaite :
- Risque d’intoxication par le monoxyde de carbone lorsqu’un appareil à combustion existe ;
- Pour le confort et l’hygiène des habitants, il est indispensable d’introduire de l’air de l’extérieur et d’évacuer l’air intérieur pollué, plus néfaste pour la santé que la pollution atmosphérique ;
- Les condensations, qui apparaissent sur les parois les plus froides, comme les fenêtres, dégradent le bâtiment.
Logements sans appareil à combustion
Des entrées d’air acoustiques doivent être mises en place dans les pièces principales (séjour et chambres). Généralement placées dans les traverses hautes des fenêtres (dans l’ouvrant ou le dormant selon les cas), elles seront dimensionnées en fonction du type de ventilation, naturelle ou mécanique. La détermination du type de ventilation se fait simplement en identifiant si les bouches d’extraction sont reliées ou non à un ventilateur. Pour les bâtiments collectifs, on se renseignera auprès du syndic.
Logements comportant des appareils à combustion
Il peut s’agir de chaudières à gaz, à fuel, ou bois, de chauffe-bains à gaz, de poêles à gaz, charbon, fuel ou bois, de cheminées à feu ouvert ou insert, d’appareils mobiles de chauffage non raccordés à un conduit de ventilation.
Pour éviter le risque d’intoxication par le monoxyde de carbone, une alimentation en air neuf venant de l’extérieur est indispensable. La pose d’entrées d’air et le raccordement des appareils de chauffage à un conduit vertical de fumée du logement sont indispensables.
Des études spécifiques devront être conduites par un spécialiste en ventilation même si les appareils à combustion sont installés dans des pièces où le changement de fenêtre n’est pas effectué. Avec les chauffages à charbon, la production de monoxyde de carbone présente un risque d’intoxication accru.
Si le logement ne comporte pas d’autre appareil à combustion qu’un chauffe-bain à gaz, son remplacement par un chauffe-bain étanche de type ventouse apporte une sécurité suffisante contre le risque d’intoxication par le monoxyde de carbone.
Émergence d’autres nuisances sonores
Le renforcement de l’isolement des logements contre les bruits extérieurs peut engendrer la résurgence des bruits de voisinage ou d'équipement précédemment couverts par les bruits extérieurs. Cet effet, qui est d’autant plus important que les travaux engagés sur la façade offrent de bonnes performances acoustiques, peuvent justifier un renforcement de l’isolation contre les bruits provenant des autres appartements.
Isolation vis-à-vis des bruits extérieurs
Vis-à-vis des bruits extérieurs (automobiles, avions, trains, …), l’isolement acoustique est principalement lié à la qualité des fenêtres. La proportion des surfaces vitrées dans la façade et la qualité des entrées d’air de ventilation ont aussi leur importance.
Attention : souvent, l’ isolation aux bruits extérieurs fait place à de nouveaux bruits intérieurs (bruits de comportement des voisins) habituellement cachés par ceux venant de l'extérieur.
Les fenêtres
Ce sont la densité et l’épaisseur des matériaux, du châssis et du vitrage, qui sont ici déterminantes.
Joint d’étanchéité
La pose d’un joint de calfeutrement peut faire gagner jusqu’à 5 dB(A). Choisissez des joints en résine durcissable (2), faciles à poser et durables ou, mieux, des joints à lèvre métallique ou polymère (1), durables, mais exigeant un réel savoir-faire pour la pose.
Remplacement du vitrage
Si le joint ne suffit pas, un vitrage épais (8 mm au moins) permet d’obtenir 30 dB(A) d’isolement. Attention : très lourds, ces vitrages ne sont pas compatibles avec toutes les fenêtres. Un double vitrageasymétrique thermo-acoustique type 10-6-4 (lame d’air de 6 mm entre deux parois de verre) permet d’obtenir jusqu’à 35 dB(A) d’isolement selon les caractéristiques du vitrage et de la menuiserie.
Remplacement de la fenêtre
Pour atteindre des isolements atteignant 40 dB(A), il convient :
- De réaliser une double fenêtre avec deux châssis séparés par un vide d’air de 150 mm minimum ;
- De poser une fenêtre très isolante équipée d’un vitrage haute performance de type feuilleté acoustique ; le nouveau dormant doit être soigneusement calfeutré.
- Remarque : si vous optez pour une 2ème fenêtre extérieure susceptible de modifier l’aspect de la façade, vérifiez auprès de la copropriété et de la mairie que vous êtes dans votre droit, notamment dans le cas d’un bâtiment classé monument historique.
La ventilation
Dans la plupart des logements anciens, la mauvaise étanchéité des fenêtres assure la ventilation du logement. Pour éviter les phénomènes de condensation, toute mise en place d’une fenêtre étanche doit s’accompagner de la pose d’entrées d’air dans les pièces principales, et, éventuellement, d’un système de ventilation. Les coffres de volet roulant et entrées d’air « acoustiques », soumis à des exigences réglementaires (indice d’isolement normalisé “Dn10route” supérieur à 36 dB(A)), laissent passer l’air sans laisser passer le bruit.
Isolation thermique, isolation acoustique : un mariage possible ?
L’isolation thermique et l’isolation acoustique ne sont pas incompatibles. Les fenêtres à double vitrage peuvent répondre à ces deux exigences. Le label Acotherm est décerné aux fenêtres présentant de bonnes qualités acoustique et thermique.
L’isolation thermique est assurée par une lame d’air. Elle nécessite un double vitrage ou un survitrage. Le survitrage (vitrage supplémentaire qui se pose sur le châssis d’une fenêtre) n’a que des vertus thermiques. L’isolation acoustique est assurée par un vitrage suffisamment épais, simple ou double.
Les parties opaques de la façade
Les parties opaques de la façade, du fait de leur surface plus importante, peuvent avoir un rôle : on peut donc obtenir un isolement encore supérieur en renforçant également la paroi (voir Isolation aux bruits aériens intérieurs).
Sites moyennement bruyants
Un isolement de façade performant, d’environ 35 dB(A), s’obtient de deux manières différentes :
- Le remplacement du simple vitrage par des doubles vitrages 10-10-4 (lame d'air d'au moins 10 mm afin de satisfaire également aux exigences thermiques de la RT 2005);
- La pose d’une nouvelle fenêtre, posée sur le dormant existant et équipée d’un vitrage 10-10-4 (lame d'air d'au moins 10 mm afin de satisfaire également aux exigences thermiques de la RT 2005).
Remplacement du simple vitrage par un double vitrage
Les fenêtres anciennes sont équipées de vitrages simples de 3 à 4 mm d’épaisseur. Pour améliorer leurs performances acoustiques, on peut les remplacer par un double vitrage asymétrique thermo-acoustique de type 10-10-4 (lame d’air d'au moins 10 mm entre les deux parois de verre, afin de satisfaire aux exigences d'isolation thermique de la RT 2005) ou 10-16-6 (si l’épaisseur de la menuiserie le permet). La performance acoustique des doubles-vitrages dépend principalement de l’épaisseur du vitrage le plus épais.
On complétera cette mesure par la pose de joints pour parfaire l’étanchéité de la fenêtre.
Économique et parfois suffisante, cette solution n’est à envisager que si l’huisserie est en bon état et que la structure de la fenêtre est suffisamment solide pour supporter la surcharge sans se déformer.
Remarque : le survitrage (vitrage supplémentaire qui se pose sur le châssis d’une fenêtre) n’a que des vertus thermiques.
Remplacement de la fenêtre
Le remplacement de la fenêtre existante par une fenêtre plus performante, posée sur le dormant existant au moyen d’un profil d’adaptation, peut être envisagé. La fenêtre sera équipée d’un vitrage asymétrique thermo-acoustique de type 10-10-4 (lame d'air d'au moins 10 mm afin de satisfaire aux exigences d'isolation thermique de la RT 2005), voire même de type 10-16-6 si des performances supérieures sont souhaitées.
On peut être amené à changer également le dormant (partie fixe de la fenêtre) s’il est en mauvais état.
Afin de limiter la dégradation de la ventilation tout en assurant un isolement acoustique suffisant, il est fortement conseillé de choisir des fenêtres présentant une entrée d’air acoustique intégrée dans l’huisserie.
Toutes les fenêtres d’une même pièce serons changées afin d’assurer l’homogénéité du traitement. En revanche, les pièces peu sensibles ou moins exposées n’ont pas besoin de subir une telle mesure.
Sites peu exposés au bruit
Solution technique pour un isolement de façade courant
Pour les logements peu exposés au bruit, l’isolement réglementaire de base de 30 dB(A) doit suffire. Il s’obtient en réalisant des travaux légers d’amélioration de l’étanchéité de la fenêtre :
- Réfection du mastic maintenant les vitrages ;
- Pose d’un joint de calfeutrement entre les vantaux et l’huisserie ; gain possible : jusqu’à 5 dB(A).
Choisissez des joints en résine durcissable (2), faciles à poser et durables ou, mieux, des joints à lèvre métallique (1) ou polymère, durables, mais exigeant un réel savoir-faire pour la pose.
Sites très bruyants
Un niveau d’isolement en façade très performant implique :
- Soit la pose d’une fenêtre équipée d’un vitrage haute performance ;
- Soit la mise en œuvre d’une double fenêtre.
Pose d’une fenêtre équipée d’un vitrage haute performance
Cette solution consiste à remplacer l’ensemble de la fenêtre par une nouvelle fenêtre équipée d’un vitrage haute performance de type feuilleté acoustique (intégrant une résine spécifique). Le nouveau dormant devra être soigneusement calfeutré, par exemple par des mastics adaptés. L’étanchéité entre le dormant (partie fixe de la fenêtre) et la maçonnerie est primordiale ; elle peut être obtenue au moyen d’un mastic à la pompe.
Pose d’une double fenêtre
Cette technique est souvent la plus sûre et la moins coûteuse pour obtenir de forts isolements de façade.
Elle consiste à conserver la fenêtre existante et à poser une deuxième fenêtre équipée d’un simple vitrage d’épaisseur au moins égale à 6mm. Cette deuxième fenêtre peut être posée indifféremment à l’extérieur ou à l’intérieur, sauf lorsque l’aspect extérieur de la façade ne doit pas être modifié (exigence des Bâtiments de France). La distance entre les deux fenêtres doit être au moins de 12 cm.
Cette technique est relativement délicate à concevoir : compatibilité des modes d’ouverture des deux fenêtres, intégration des entrées d’air, compensation de l’effet de serre en été.
Coffres de volets roulants
Pour les coffres de volets roulants, les faces intérieures du coffre doivent être absorbantes pour y piéger un maximum de bruits extérieurs. L’ensemble des parois contribue également à isoler de l’extérieur : l’étanchéité à l’air de chaque composant avec la façade et les équipements intérieurs de manœuvre est primordiale.
Isolation aux bruits d'équipements
Équipements collectifs
Si la maintenance n’a pas été assurée régulièrement, des interventions mineures d’entretien peuvent, dans certains cas, suffire. Un mauvais réglage des installations (pression d’air, débit d’eau) est très souvent à l’origine de nuisances sonores. Si ces interventions ne diminuent pas le bruit, faites appel à un spécialiste en acoustique, par l’intermédiaire du syndic, car les solutions à mettre en place peuvent être lourdes.
La réglementation
Dans les logements construits à partir du 1er janvier 2000, les ascenseurs, chaudières, extracteurs d’air, vide-ordures, etc., sont régis par les articles R. 111-1 et suivants du Code de la construction et de l’habitation, selon lesquels le niveau sonore des divers équipements collectifs ne doit pas dépasser :
- 30 dB (A) dans les pièces principales (pièces destinées au séjour ou au sommeil) ;
- 35 dB (A) dans les cuisines de chaque logement d’un immeuble collectif.
Équipements individuels
Assurez-vous dans un premier temps que les équipements individuels de vos voisins – chaudière murale, bouche de ventilation, canalisations, robinetterie – ont des débits et pressions normaux et que les réseaux sont totalement purgés. En dehors des interventions simples présentées ci-dessous, il conviendra de faire appel à un spécialiste.
Les bruits de canalisations
Vérifier que les canalisations sont fixées uniquement à des parois lourdes, ou sinon qu’elles sont équipées de colliers antivibratiles garnis de mousse: l’essentiel de la gêne sonore provient des colliers simples qui créent une liaison mécanique rigide entre la canalisation et la paroi.
La robinetterie
Le bruit de robinetterie peut être réduit en équipant l’installation de robinets silencieux. Leurs performances acoustiques sont indiquées par un indice “Ds” mesuré en laboratoire. Plus il est élevé, plus le robinet est silencieux. Un joint âgé, donc desséché, se décolle d’un seul coup à l’ouverture du robinet. L’écoulement soudain de l’eau crée une dépression, laquelle se propage dans le réseau sous la forme d’une onde de choc : le « coup de bélier ». Ces réflexions se font en cascade, c'est-à-dire que l’onde réfléchie revient au robinet, rencontre le joint, le recolle, ce qui provoque un nouveau choc, etc. La souplesse du joint assure une variation de pression progressive, laquelle évite tout choc.
Les appareils sanitaires
Ne pas les adosser à une cloison rigide et légère, qui transmet les vibrations. Pour les baignoires, des plots souples sous les appuis et un joint périphérique de mastic silicone donnent de bons résultats. Pour les baignoires métalliques, des plaques adhésives spéciales permettent d’amortir le bruit dû à l’impact de l’eau sur l’appareil. Concernant les chasses d’eau, sachez qu’il en existe des modèles à robinetterie acoustique. Quant au bruit de remplissage, il se traite avec un tube plongeur.
Isolation aux bruits d'impacts
La solution la plus efficace consiste à traiter le bruit à la source, en intervenant sur le plancher de votre voisin du dessus. Les différentes techniques consistent à réduire l’intensité des chocs sur le sol.
L’isolation des planchers
Les produits de revêtement
Solution la plus économique et la plus simple de mise en œuvre, la pose d’un revêtement de sol peut faire gagner :
- 15 dB(A) pour un simple aiguilleté ;
- 20 dB(A) pour un revêtement de sol plastique sur sous-couche ;
- 30 dB(A) pour une moquette sur thibaude (trame textile) ou sur sous-couche caoutchoutée.
Remarques :
Aucun de ces revêtements n’apporte d’amélioration vis-à-vis des bruits aériens ; ils isolent uniquement des bruits d’impact.
Ces revêtements n’ont aucune efficacité contre les parquets qui grincent. Dans un tel cas, il faut déposer le plancher et le faire remonter par un spécialiste.
L’efficacité d’un revêtement de sol est évaluée en laboratoire à l’aide du « ΔL » : plus cet indice est élevé, meilleure est l’isolation procurée par ce revêtement.
Le sol flottant
Une chape de mortier est coulée sur un matériau isolant lui-même posé sur le plancher support. Ainsi désolidarisé des murs et des planchers, le sol flottant atténue la transmission des vibrations sonores. Les performances de ces ouvrages, comprises entre 20 et 30 dB(A), dépendent :
- De la nature du support existant ;
- De l’épaisseur et de la nature de la sous-couche de désolidarisation ;
- De l’épaisseur du béton coulé sur cette sous-couche.
Avantages :
- Solution définitive sans dépréciation des performances avec l’usure ;
- Dans les cas les plus favorables, amélioration de l’isolation aux bruits aériens (7 à 8 dB(A).
Inconvénients :
- La hauteur sous plafond est réduite (de 40 à 80 mm) ;
- La surcharge de tels ouvrages (100 kg/m2) n’est pas compatible avec tous les planchers support ;
- Il faut refaire le revêtement de sol, déplacer les radiateurs et recouper les portes.
Le plafond suspendu
Si vous ne pouvez intervenir sur le plancher de votre voisin, isolez votre plafond. Ce type de réalisation est constitué d’une ossature métallique fixée au plafond, sur laquelle sont vissées des plaques de plâtre. Un matelas de matériau isolant vient garnir la cavité située entre le plafond et les plaques de plâtre.
Inconvénients :
- En raison du poids des plaques de plâtre, mise en œuvre délicate à réserver à un professionnel ;
- Hauteur sous plafond réduite ;
- Moins bonne isolation aux bruits d’impact qu’avec le sol flottant ;
- Isoler le plafond seul est parfois insuffisant. Il faut aussi doubler les parois légères pour qu’elles ne puissent rayonner le bruit latéralement (voir Isolation aux bruits aériens intérieurs).
Au secours : la cuisine de ma voisine fait trop de bruit !
Dans son arrêt du 29 novembre 2017, la cour d’appel de Paris a retenu, à la suite du tribunal de grande instance de Paris dans son jugement du 19 janvier 2017, la responsabilité, sur le fondement des troubles anormaux de voisinage, d’une copropriétaire, qui avait déplacé et étendu la cuisine de son appartement et changé le revêtement de sol, entraînant une dégradation de l’isolement acoustique initial, à l’origine de nuisances sonores pour la voisine du dessous. Christophe Sanson, avocat au Barreau des Hauts-de-Seine, a rédigé une nouvelle fiche de décision de justice commentée sur ce thème.
La réalisation de travaux sans les conseils d’un spécialiste, peut entraîner une dégradation de l’isolement acoustique initial d’un appartement. Se pose alors la question de la cessation du trouble anormal de voisinage et sa réparation.
Arrêt de la cour d’appel de Paris du 29 novembre 2017, Madame S. contre Mme V., RG n° 17/XXXXX.
Revêtement de sol changé et isolement acoustique dégradé : responsabilité engagée
Depuis quelques années, la tendance est au remplacement de la moquette par un sol dur (parquet ou carrelage) réputé plus hygiénique et surtout plus esthétique. Mais ce changement de revêtement de sol ne va pas sans difficultés en termes de bruit. Réalisé sans les conseils d’un spécialiste, il peut entraîner une dégradation de l’isolement acoustique initial à l’origine de nuisances sonores pour les voisins du dessous. Comment alors mettre fin aux désordres acoustiques immobiliers ainsi générés et obtenir réparation des préjudices subis ? Les deux décisions rendues par le Tribunal de Grande Instance de Paris, qui font l’objet d’une analyse commune dans la présente fiche, abordent les risques juridiques encourus par les propriétaires et les locataires dans l’hypothèse d’un changement de revêtement de sol diminuant les performances de l’isolement acoustique initial de l’appartement du dessous.