Fin janvier, l'Organisation Maritime Internationale (OMI) a exprimé son souhait d'actualiser ses directives sur la pollution sonore sous-marine provoqué par le trafic maritime commercial. Un projet à surveiller.
Le projet de réforme proposé par l'OMI sera définitivement adopté en juillet 2023. Il vise à actualiser les recommandations de l'OMI de 2014 pour s'adapter aux derniers développements en matière de conception et de technologie des navires (consulter les directives de 2014 ici). Les directives initiales se concentraient sur les principales sources de bruit sous-marin : les hélices, la forme de la coque, les machines se trouvant à bord et les autres aspects liés à l'exploitation et à l'entretien, comme le nettoyage de la coque. En janvier 2024, le travail d'actualisation sera reconduit, notamment pour planifier la gestion du bruit au niveau international. Un plan de gestion du bruit sous-marin sera refait pour être utilisé comme moyen de sensibilisation.
N'oublions pas les ondes sonores circulent cinq fois plus vite dans les océans que dans l'air ! L'impact sur la faune marine n'est plus à prouver (consulter notre rubrique Bruit et biodiversité).
Les navires de commerce, principaux responsables du bruit
Le projet reconnait que les navires de commerce font partie des principaux responsables du bruit rayonné sous l'eau. Ce bruit a des effets nuisibles sur les fonctions vitales de nombreuses espèces marines, aussi bien les mammifères marins, que les poissons et les invertébrés. Par ailleurs, de ces espèces impactées dépendent des communautés entières autochtones côtières pour leur alimentation, leurs moyens de subsistance et leur culture.
Le projet donne ensuite des conseils aux "pollueurs", qu'ils soient concepteurs, fabricants ou exploitants de navires. Pour aider les propriétaires de navires à adopter ces bonnes pratiques, le projet fournit des modèles d'échantillons visant à créer un vrai plan de gestion du bruit rayonné sous l'eau. Les recommandations de l'OMI assistent ainsi les parties prenantes concernées pour créer des mécanismes et des programmes qui permettraient de réduire le bruit sous l'eau.
Pour autant, ces lignes directrices ne sont pas contraignantes, et il n'existe pas de réglementation internationale encadrant la pollution sonore sous-marine. En Europe, la directive-cadre de 2008 « Stratégie pour le milieu marin » fixait un objectif de réduction du bruit sous-marin à respecter à l'horizon 2020. Depuis, la Commission européenne a concrètement fixé des seuils de bruits jugés « acceptables » pour les animaux marins. Ainsi, les États pourront désormais évaluer l’impact du bruit sous-marin dans leurs aires maritimes respectives. Au niveau national, un guide ministériel comprenant des recommandations a été publié en 2020 (le consulter ici). Ce guide analyse les différentes procédures et technologies disponibles et comment elles permettent de limiter et réduire les impacts des émissions sur la faune marine. Des fiches synthétiques sont également disponibles par activité : industrie du pétrole et du gaz, énergies marines renouvelables, pêche et aquaculture, extractions de granulats, trafic maritime etc.
Projet GloNoise : l'OMI recherche des pays pilotes
L'OMI recherche actuellement des pays pilotes pour participer au prochain projet de partenariat GloNoise, afin de traiter la question du bruit sous-marin produit par les navires. le lancement du projet est prévu pour la mi-2023. L'objectif ? Renforcer les capacités des pays en développement dans la réduction du bruit sous-marin. Pour rappel, l'OMI est l'institution spécialisée des Nations Unies chargée d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers par les navires.
Ralentir les vitesses de navigation pour sauver les océans
Pour l'ONG IFAW - Fonds international pour la protection des animaux-, la principale raison de la pollution sonore sous-marine est la vitesse élevée de navigation des navires. Au délà d'une certaine vitesse, les baleines ne s'entendent plus. L'IFAW propose d'en faire l'expérience (sonore) par soi-même à travers l'initiative BlueSpeeds : https://bluespeeds.org/fr/.